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Attaque de l'ambassade américaine de Benghazi (Lybie, 2012) : énigme résolue

Marc Reisinger

Dernière mise à jour : 25 oct. 2024

Terrorisme ou coup tordu ?

Marc Reisinger, 15/9/2012, édité le 30/4/2023


A) Dans cet article de 2012, intitulé "Une saison propice aux sales coups", je décrivais l'attaque de la délégation américaine de Benghazi (Lybie) par un groupe terroriste et les interrogations qu'elle suscitait. L'explication viendra 11 ans plus tard (Voir B)

 

On oublie qu’en démocratie, le pouvoir politique n’est jamais simple mais toujours double : pouvoirs en perpétuel affrontement de la majorité et de l’opposition. Des portions de l’administration et même des services spéciaux, peuvent d’ailleurs rester entre les mains de l’opposition pendant la législature de la majorité.


Cette dichotomie est une source de tensions qui s’exacerbent à l’approche des élections, et peuvent devenir féroces dans cette saison propice aux sales coups.


  1. Rappelons l’affaire du Watergate, qui débute par une manœuvre d’espionnage politique dans les locaux du Parti démocrate lors de la campagne présidentielle de 1972 et mène à la démission du président Nixon en 1974.


  2. Lors de la campagne présidentielle de 1980, Reagan battit le président sortant Jimmy Carter, dans le contexte de la crise des otages de l’ambassade américaine en Iran. Carter avait tenté d’obtenir leur libération en livrant des armes au régime iranien. Mais Reagan le doubla en promettant de fournir des armes directement aux détenteurs des otages, pour autant que les otages ne soient pas libérés avant son élection. Ils le furent 12 minutes après l’adresse inaugurale de Reagan au peuple américain.


L’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi et l’assassinat de l’ambassadeur (un proche d’Obama), pourraient être de la même eau.


Un obscur film est supposé être à l’origine de manifestations de colères spontanées de la foule musulmane. Film produit par un certain Nakoula Basseley Nakoula, copte égyptien naturalisé américain, qui se trouvait en liberté conditionnelle et n’a jamais rien produit d’autre que des amphétamines et de faux papiers d’identité. Sous le coup d'une lourde peine de prison avec sursis et d'une amende de 750.000 dollars, certains font remarquer qu’il avait le profil parfait d’un indicateur ou d’un homme de paille.

Le film n’aurait été présenté qu’une fois, en juin 2011, au Vine Theater, cinéma miteux d’Hollywood Boulevard, sous le titre « L’innocence de Ben Laden » [Voir : photo]. Il semble que cette projection ait été un appât destiné à attirer - sans succès - d’éventuels islamistes. Ce long métrage a ensuite été réduit à 14 minutes, rebaptisé « Innocence des musulmans », affublé de dialogues blasphématoires, puis diffusé sur internet, comme une provocation, quelques jours avant l’anniversaire du 11 septembre et l’attaque de l’ambassade à Benghazi.


Cette attaque menée par un commando de 30 à 40 hommes organisés, équipés d’armes lourdes (et non par une foule en délire), a été attribuée aux salafistes d’Al Qaïda. Le corps de l’ambassadeur a disparu pendant plusieurs heures, durant lesquelles il fut molesté sous l’objectif d’un seul photographe free-lance, avant de réapparaître soudain à l’hôpital. La nébuleuse Al Qaïda est si vague qu’il faut reconnaître que n’importe qui peut jouer à Al Qaïda.


Quoi qu’il en soit il s’agit surtout d’une attaque politique contre Obama, comme l’exprimait bien Ivan Rioufol dans le Figaro :


"La main tendue de Barack Obama au monde musulman est un échec au vu des hivers islamistes qui s’installent. L’attentat dont a été victime l’ambassadeur américain en Libye est un camouflet pour les Etats-Unis. Et la révolte de la rue arabe après la diffusion d’un film anti-islam rappelle que le choc des civilisations est sous nos yeux."

Les manifestations qui ont enflammé le monde musulman ont pu être déclenchées par des gens sans scrupules, dans le but de montrer qu’Obama était un faible.

L’attaque de l’ambassade de Benghazi, qui eut lieu en pleine campagne présidentielle, a été fortement reprochée à Obama par son concurrent Mitt Romney (Républicain). La faiblesse d'Obama était un grand argument des Républicains, un mythe dont il est parvenu à sortir, selon le New York Times, en éliminant fort opportunément Oussama Ben Laden en 2011.


Voir : Barack Obama s’embourbe à Benghazi : Des mails internes du département d’Etat semblent confirmer que l’attaque de l’ambassade avait été planifiée par un groupe islamiste. https://www.nouvelobs.com/monde/presidentielle-us-2012/20121026.OBS7216/usa-2012-barack-obama-s-embourbe-a-benghazi.html%5D


A noter que l’affaire de Benghazi est ressortie en 2015 et 2016 pour gêner la candidature d’Hilary Clinton à la Maison Blanche.

 

B) Onze ans plus tard une explication de cette obscure affaire apparaît :


Dans une interview intitulée : “Comment un ancien patron de la CIA a faussé trois campagnes électorales, de Benghazi à la collusion avec la Russie en passant par l’ordinateur portable de Hunter”, Kash Patell, ancien chef de cabinet du secrétaire américain à la défense par intérim sous la présidence de Donald Trump, revient sur l’affaire de Benghazi, pour souligner le rôle trouble de Michael Morell, ex-directeur de la CIA, qui est intervenu dans trois élections présidentielles successives en faveur des candidats Démocrates :


  1. 2012 : Après l’attaque de Benghazi Morell a supprimé la référence à Al Qaida dans l’attaque de Bengazi, pour en faire une manifestation populaire spontanée, thèse du Président Obama.

  2. 2016 : En faveur d’Hilary Clinton, dont il soutenait explicitement la candidature, Morell est à l’origine des rumeurs sur Trump agent russe.

  3. 2020 : Le même Michael Morel est l’initiateur de la lettre mensongère de 51 anciens responsables des services de renseignement qualifiant de désinformation russe la découverte compromettante du laptop de Hunter Biden en pleine campagne électorale Biden-Trump.


Cette mise en lumière du rôle partisan de l’ancien directeur de la CIA, m’a incité à chercher la clarté sur le rôle de la CIA dans l’affaire de Benghazi.


David Petraeus était directeur de la CIA lors de l’attaque de l’ambassade américaine du 11 septembre 2012. Deux mois plus tard il a été limogé par Obama sous prétexte d’une liaison extra-conjugale avec la pulpeuse Paula Broadwell, auteur de sa biographie (un coup bas et un storytelling qui dissimule le mobile politique de cette éviction). Il fut remplacé temporairement par Michael Morell.

Photo : David Petraeus et Paula Broadwell


David Petraeus était une créature de Georges Bush Jr, qui l’avait d'abord nommé commandant des troupes américaines lors de la guerre de 2006 en Irak. On sait qu’il a aussi joué un rôle dans la fourniture d’armes à Al Qaida (dont je rappelle qu’il s’agit d’une création américaine). Les détails sur cette affaire complexe se trouvent dans ce rapport exhaustif : http://lucien-pons.over-blog.com/2015/11/maxime-chaix-la-guerre-secrete-multinationale-de-la-cia-en-syrie-et-le-chaos-islamiste.html


Petraeus, patron de la CIA en 2012, a donc probablement couvert ou organisé le coup tordu de Benghazi , dont le but était de disqualifier Obama - ce pourquoi il a été limogé et remplacé par Michael Morell, fidèle aux Démocrates, qu'il a reconnu avoir aidé lors de chaque campagne électorale ultérieure.


L'attaque de Benghazi n'était donc pas le produit d'une guerre externe, mais de la guerre interne entre partis Républicain et Démocrate. L'explication est simple, à condition que l'on comprenne un aspect fondamental de l'histoire: l'instrumentalisation du terrorisme par les services mêmes qui sont officiellement chargés de la combattre. Un point qui dépasse le niveau d’entendement général du public et qui entraîne une grande résistance intellectuelle car il est monstrueux, au sens propre du terme puisqu'il consiste à créer des monstres.

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