La Chute d'Imane
- Marc Reisinger
- 10 juin
- 7 min de lecture
La boxeuse algérienne était un homme

On dispose aujourd’hui des éléments permettant de reconstituer l’étonnant parcours d’Imane Khelif. L’imposture menant à sa médaille d’or de boxe féminine des JO 2024 de Paris était si évidente que je l’ai crue fabriquée de A à Z. En réalité, c’est plus compliqué : histoire d’une petite fille pauvre qui a frôlé la gloire, grâce à une imposture d’Etat qui se dégonfle, Dickens et Balzac… Enquête du média en ligne, Le Correspondant dirigé par le journaliste franco-algérien Djaffer Ait Aoudia.
Une petite fille sportive
La petite Imane naît dans une famille pauvre d’une ville reculée d’Algérie. Dès l’âge de six ans, elle se passionne pour le sport, jouant d’abord au football avec les garçons de son village, où elle se distingue par sa robustesse. À 16 ans, sur les conseils du frère d’une amie, elle découvre la boxe au club de Tiaret, à 10 km de chez elle, où l’entraîneur cherche à former une équipe féminine.
Lors d’une visite médicale de routine le médecin féminin Nacera Ammoura observe sa poitrine à la pilosité généreuse, lui demande d’enlever son short. Imane se met à hurler, menaçant de parler à son père et de porter plainte.
Le médecin n’abandonne pas, soutenue par ses collègues de la médecine du sport, elle décide de savoir si Imane est un homme ou une femme et veut envoyer un prélèvement de sang en France pour effectuer un caryotype. Khelif refuse, et le staff médical n’a pas les moyens de l’y contraindre. Seule la Fédération algérienne de boxe avait le pouvoir de la mettre face à ses responsabilités. Le docteur Ammoura saisit donc sa hiérarchie, dans un rapport à la fédération d’avril 2018.
Le directeur de la Fédération de Boxe décide, après avoir parlé au ministre des sports, décide d’écarter… le médecin. Un endocrinologue situé à 400 km de distance rédige un certificat non documenté : « Bilan hormonal normal… sexe féminin » (voir l’image). Imane continue à s’entraîner et multiplie les stages internationaux, notamment à Las Vegas et en Floride, où elle affronte des boxeuses de haut niveau. Chaque fois qu’on met son identité sexuelle en doute, elle brandit son certificat de complaisance. Le jeu va continuer jusqu’aux championnats du monde de New Delhi en 2023.

Une imposture soutenue par le Pouvoir
L’escroquerie couverte par le Secrétaire Général du Comité Olympique Algérien et par le ministre des Sports algérien fonctionne pendant cinq années d’ascension de « la boxeuse » : 2018 17e place au Championnat du monde féminin à New Delhi ; 2019, championnat du monde en Russie et Jeux africains ; 2020, quarts de finale aux JO de Tokyo; 2022, médaille d’or au tournoi Strandja Memorial, première boxeuse algérienne à atteindre une finale mondiale à Istanbul (médaille d’argent), médailles d’or aux Jeux méditerranéens (Oran) et aux Championnats d’Afrique (Maputo).
La controverse naît en mars 2023, lorsqu’Imane est disqualifiée des Championnats du monde de New Delhi par l’International Boxing Association (IBA) suite à un test chromosomique qui se révèle XY (masculin).
« Sur la base des résultats des tests ADN, nous avons identifié un certain nombre d'athlètes qui ont tenté de tromper leurs collègues et se sont fait passer pour des femmes. Sur la base des résultats des tests, il a été prouvé qu'ils possédaient des chromosomes XY. Ces athlètes ont été exclus de la compétition » déclare la direction de l'Association internationale de boxe (IBA). Comme son directeur est Russe, ceci sera qualifié de propagande de Poutine. A noter que le Maroc sera aussi désigné comme source de la propagande, ainsi que , bien entendu, les sionistes...
Le compte-rendu du Comité de Direction de l’IBA du 25 mars 2023 à New Delhi fournit pourtant les motifs précis de cette exclusion.

Le document complet a été publié peu avant sur le site du Correspondant, le 1er juin 2025.

« Cette pauvre jeune fille a été catastrophée, anéantie de découvrir d'un seul coup qu'elle pourrait ne pas être une fille ! Tous les gens qui l'appréciaient, dont moi, sommes intervenus pour lui remonter le moral. » déclare en 2024 Georges Cazorla, un de ses coach sportifs (Le Point 8/8/24). On ignore généralement que l’équipe d’Imane a fait faire un contrôle du test chromosomique dans un autre laboratoire de Delhi, qui a ramené le même résultat. L’escroquerie était dès lors totalement assumée par Imane et son équipe.
Khelif sera néanmoins autorisé à participer aux JO 2024 de Paris dirigés par le Comité international olympique (CIO) qui estime qu’un passeport suffit à établir l’identité sexuelle. Imane remporte une médaille d’or, battant l’Italienne Angela Carini (par abandon après 46 secondes), la Hongroise Anna Luca Hamori, la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng, et la Chinoise Yang Liu en finale.

Dans le contexte des JO 2024 de Paris, inaugurés par une grande fête wokiste, l’affaire déclenche une polémique où l’on accuse « des figures conservatrices comme JK Rowling et Elon Musk » d’entretenir des « rumeurs infondées ». Imane prétend porter plainte pour harcèlement moral en raison des attaques en ligne et des fuites présumées de son dossier médical.
Le paradoxe est qu’Imane est soutenu par les partisans du genre qui en font une star LGBTQ+, alors qu’Imane nie être transgenre et affirme être une femme – tout en sachant que c’est faux (puisqu’il possède les résultats de ses tests chromosomiques).

L’imposture éclate
Le magazine en ligne Le Correspondant révélera en octobre 2024 qu’un rapport du Professeur Young de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre à Paris, daté de juin 2023 –que j’ai pu consulter moi-même – avait confirmé pour la troisième fois le caryotype XY et diagnostiqué une anomalie génétique, nommée déficit en 5-alpha réductase de type 2.

Le déficit en 5-alpha-réductase de type 2 (5-AR2) est une condition génétique rare qui affecte la conversion de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT). Avec un déficit en 5-AR2, les organes génitaux externes peuvent ne pas se développer complètement comme ceux d'un garçon, ressemblant à ceux d'une fille à la naissance, ou être ambigus.
À la puberté, la testostérone, bien que non convertie efficacement en DHT, induit des traits masculins comme l'augmentation de la musculature, mais les caractéristiques sexuelles secondaires comme la pilosité faciale et corporelle peuvent être réduites, et les organes génitaux peuvent rester petits. Un déficit en 5-AR2 affecte donc le développement des caractéristiques sexuelles de sorte que les individus puissent être initialement élevés ou s'identifier comme féminins.
Le Pr Young constate en outre l’absence de seins et d’ovaires, la présence de testicules de taille normale dans l’abdomen (produisant un taux de testostérone masculin), un vagin court, pas d’utérus et une hypertrophie clitoridienne.
Définition du sexe
Il faut ici redire clairement une chose, à tel point embrouillée par la logosphère woke que beaucoup de gens en ont perdu la notion. Le sexe biologique est déterminé par deux facteurs : le caryotype (XX ou XY) et par les gonades (ovaires ou testicules). Les individus souffrant d’un déficit en 5-AR2 sont de sexe masculin, car ils possèdent des chromosomes XY et des testicules fonctionnels. L’aspect physique ambigu ou féminisé à la naissance est une conséquence du déficit en DHT, mais n’affecte pas le sexe biologique. Bien entendu, le sexe ne correspond pas nécessairement au genre, qui est le sexe attribué par la société ou ressenti par l’individu.
Le déficit en 5-AR2 relève du pseudo-hermaphrodisme, discordance entre le sexe génétique/gonadique (mâle) et l’apparence externe (ambiguë ou féminisée), due au manque de DHT. Dans le vrai hermaphrodisme on a la présence de tissu testiculaire et ovarien chez le même individu, avec des caractéristiques sexuelles potentiellement ambiguës.
Le Comité Olympique International avait reçu le dossier médical du Pr Young, en juin 2023 – fourni par Imane Khelif lui-même. Les journalistes qui posaient des questions sur la condition médicale d’Imane Khelif ont reçu pour toute réponse: « Le comité de sélection ne se base pas sur des analyses médicales et prend des décisions souveraines ». Le triomphe du wokisme et la supercherie ont pu se poursuivre.
A noter cette anecdote étonnante en février 2024. La boxeuse Bulgaro-Nigérienne Joana Nwamerue qui a affronté Imane Khelif lors de séances d'entraînement à Sofia, affirmait que Khelif était un homme : puissance masculine, techniques masculines… L'équipe de boxe algérienne (qui connaissait le dossier médical) lui a expliqué : « Imane n'est pas un homme. C'est une femme qui vit dans les montagnes avec sa famille et ses parents. Il se peut qu'il y ait un changement au niveau de la testostérone, des chromosomes, etc. » L’air de la montagne a des effets surprenants…
Imane se brûle les ailes
Mais on ne peut raconter éternellement des fables. Le 30 mai 2025, la nouvelle organisation mondiale de boxe, la Fédération internationale de boxe (World Boxing), chargée d’organiser les épreuves de boxe lors des Jeux olympiques de Los Angeles 2028, publie un communiqué instaurant une nouvelle règle officielle : les athlètes au caryotype XY seront exclus de la catégorie féminine. Le président de la Fédération précise que la boxeuse algérienne devra se soumettre à un test avant de pouvoir participer à toute compétition, à commencer par la Coupe féminine d’Eindhoven du 5 au 10 juin 2025. Le président de la World Boxing s’est excusé d’avoir cité nommément Imane Khelif, mais le fait que Khelif ne se soit pas présenté à Eindhoven équivaut à un aveu.
Fin de partie, Imane est monté trop haut et s’est brûlé les ailes, comme Icare. La presse internationale se réveille : « Imane Khelif scandal brings everlasting shame on the IOC » [Le scandale Imane Khelif jette une honte éternelle sur le Comité Olympique International] écrit le Daily Telegraph (3 juin 2025). La plus grande partie de la presse française, qui continue à appliquer la technique du nuage de Tchernobyl censé avoir contourné la France, se tait. Libération défend celui qu’ils ont pris pour une égérie trans, en dénonçant "les polémiques nauséabondes" alimentées par des spéculations sur le genre de Khelif (2 juin 2025). Rappelons qu'il ne s'agit pas ici du genre, mais du sexe.
Le ministre des Sports algérien a été remplacé le 18 novembre 2024, dans une volonté de nettoyage. Il me revient aussi que la Présidence algérienne tente d’étouffer l’affaire, avec l’aide des services de renseignement algériens et probablement français (*). Ceci notamment pour éviter d’entrer en conflit ouvert avec Donald Trump, qui a refusé le visa d’entrée aux Etats-Unis d’Imane Khelif pour les JO 2028 de Los Angeles. Cette fois Khelif est KO.
(*) La France doit un service à l’Algérie, qui détient des secrets gênants sur Brigitte Macron. Voir :
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