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Palestiniens, victimes ou adversaires ?

Marc Reisinger

La paix étant le seul objectif valable, je tiens à rappeler ce texte que j'ai écrit en janvier 2011, qui montre que les Palestiniens n'ont pas avancé d'un pouce depuis lors et viennent même d'effectuer un retour en arrière de 75 ans

 


Ce qui est omniprésent est invisible. Nous sommes tellement accoutumés à ce que les Palestiniens soient victimes, que nous n’imaginons plus qu’ils puissent être présentés autrement. Aucune alternative n’est possible : il s’agit d’un combat entre le Bien et le Mal. C’est ce qui explique l’empathie généralisée pour le peuple palestinien, la dégradation de l’image d’Israël, et les 3 millions d’exemplaires vendu d’« Indignez-vous ! » de Stéphane Hessel (2010), irréprochable vieillard de 93 ans, qui s’indigne essentiellement d’Israël.


La liste des malheurs palestiniens est infinie : territoires occupés et bombardés, citoyens humiliés et tués, maisons rasées, oliviers arrachés, électricité coupée, blocus économique … Du coup, le mal qu’ils peuvent faire est minimisé : fanatisme, islamisme, attentats suicides, tirs de roquettes, antisémitisme, désinformation, corruption, despotisme… Tout ça n’est pas grave, il faut comprendre l’humiliation, la colère - « l’exaspération » dit Hessel - qui justifient cela.


Les « bons » ne peuvent être que bons, les « mauvais » mauvais. Vision si tranchée qu’aucune action d’Israël ne peut être positive. Le retrait des territoires égyptiens occupés en échange de la paix ? Oublié. Le retrait de Gaza dont tout le monde dénonçait l’occupation ? Pas bien, car « unilatéral ». Les principaux critiques d’Israël ne sont pas nécessairement ses ennemis. Beaucoup de Juifs et d’Israéliens critiquent le Mal commis par Israël, exigeant que son armée se comporte mieux que toute autre.


Au-delà des bons et des mauvais


Mais que reste-t-il du débat sur le Moyen Orient, si on essaye d’en extraire cette rhétorique des « bons » et des « mauvais » ? Pas grand-chose, je le crains. C’est ce qui explique l’échec des accords d’Oslo et des négociations Barack-Clinton de 2000. Les Palestiniens se sont montrés incapables de visées politiques, préférant s’enfermer dans une vision apocalyptique et millénariste, qui trouve son apothéose dans le programme du Hamas.


À vrai dire, le fait d’apparaître universellement comme victimes a permis aux Palestiniens de remporter d’importants succès médiatiques. Arafat était vu comme une sorte de père Noël arabe. La presse européenne décrit généralement le Hamas – terroriste et islamiste - comme un « mouvement de Résistance », dont les miliciens armés sont nommés « militants ». Cependant les succès de la guerre réelle restent sans commune mesure avec ceux de la guerre médiatique, d’où une tendance des dirigeants palestiniens à substituer les seconds aux premiers.


Il est parfaitement logique que des adversaires se traitent mutuellement de monstres. Mais pourquoi enfermer toute discussion dans ce schéma ? Il ne s’agit pas d’une guerre d’images. Jamais on ne résoudra un conflit en cherchant « qui est méchant ? » ou « qui a commencé ?». Le seul soutien que peuvent apporter les parties extérieures à un conflit c’est d’aider à le résoudre. La véritable aide aux Palestiniens c’est de les aider à faire la paix. Et je ne suis pas sûr que les traiter en victimes soit le meilleur moyen d’y arriver.


Il y a dans la compassion et l’indulgence universelles pour les Palestiniens un certain manque de respect. Ne méritent-ils pas d’être considérés comme des adversaires plutôt que comme des victimes ? Ce serait plus réaliste et augmenterait les chances de résoudre leur conflit avec Israël. Depuis 1948 – et même avant – Les Palestiniens se sont engagés dans ce conflit avec une visée erronée : se débarrasser d’Israël par la violence. Entretemps Israël est devenu un Etat puissant. Au lieu de tenter vainement de l’éliminer, les Palestiniens devraient viser à créer au plus tôt leur propre Etat – comme les Nations Unies le proposaient dès 1947 – et à développer des relations pacifiques avec leurs voisins.


Vers une paix durable ?


Les Palestiniens devraient se méfier de la tendance à faire d’eux des victimes. La situation d’adversaire est temporaire, car tout conflit aboutit à une paix, tandis que celle de victime face à un bourreau implacable risque de s’éterniser.


Pour attirer la sympathie, les Palestiniens sont peut-être tombés dans la tentation de mimer les Juifs, éternelles victimes de l’Histoire. Leur plus grand leader, Arafat était passé maître dans la manipulation de ce genre de symbole, par exemple en jouant au Christ recrucifié, empêché de passer la Noël à Bethlehem par les cruels Israéliens. Le triomphe de cette tactique se traduit par l’explosion d’analogies comme : « Israël = SS », « Génocide de Jenine », « Gaza camp de concentration », etc.


Plutôt que de fournir aux Palestiniens ces victoires symboliques, ne serait-il pas temps de les aider à en obtenir de réelles ? Après avoir manqué la paix à différentes reprises, pourquoi les encourager à poursuivre dans la même voie ? L’Etat d’Israël n’est ni « gentil » ni « méchant » (pas plus que les Palestiniens). Il a été agressé dès le jour de sa création et entraîné dans une guerre incessante, où des crimes de guerre sont commis par les Israéliens et par les Palestiniens.


La focalisation sur la méchanceté d’Israël est d’autant plus absurde qu’elle va de pair avec l’espoir qu’Israël réagisse de manière « proportionnée » aux agressions, cesse la colonisation et rende les territoires occupés. Ce paradoxe traduit l’inadéquation politique du langage moralisateur.


Plutôt que de s’étendre dans d’innombrables pamphlets, opinions et débats, sur la méchanceté d’Israël et les malheurs des Palestiniens, et d’encourager implicitement ces derniers à poursuivre une politique mortifère, ceux qui prétendent soutenir le peuple palestiniens ne feraient-ils pas mieux de renoncer au manichéisme, et d’encourager les dirigeants palestiniens à accepter l’existence d’Israël en négociant un accord de paix durable ?

2 komentarze


John Webber
John Webber
05 sty 2024

This ongoing war/situation is perhaps a bigger battle than just the gross transactions on the ground. They are played out every night in the news to engage viewers. Both Israel and Palestine are trapped in a drama. The historical loop of old-world ideological battles fighting against the new-world order with both sides believing their narrative holds the truthful higher ground. Western Civilization is led and championed in the Middle East by Israel, battling the patriarchal power centers from the Ancient Persian Empire. Until both sides can see beyond their historical narratives, both Palestine and Israel will play their repeating roles. The media will cover it as a sporting event to entertain viewers. Real consequential drama that carries money, power, influenc…

Edytowane
Polub

unidiotattentif
16 paź 2023

Excellent. Changer d'angle de vision peut tout changer.

Polub
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