Le sociologue de la santé suisse, dont les critiques de la politique Covid sont souvent pertinentes, a lancé une sorte de JT personnel, où il développe les questions socio-politiques qui lui paraissent importantes.
Je n'ai pas suivi toutes ses tribunes, mais certaines ressemblent malheureusement à des diatribes antijuives. Le 22 mai il s'attaque à très juste titre à Rudy Reichstadt, fondateur de Conspiracy Watch. J'ai indiqué moi-même plusieurs fois à quel point cette organisation n'est qu'une officine des Services français, jouant un rôle malsain pour disqualifier toute mise en question du pouvoir. Reichstadt a notamment banalisé l'impunité de l'assassinat antisémite du Dr Sarah Halimi en 2017.
La matière ne manque pas pour critiquer cette organisation, mais JDM semble obsédé par les Juifs : il souligne que Conspiracy Watch est financé par l'Etat ET par David de Rothschild, à travers la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Le banquier étant lui-même le suppôt de Macron. On sent un parfum de Protocole des Sage de Sion, dont JDM se sent obligé de rappeler qu'il s'agissait d'un faux, chose que tout le monde sait.
Les autres figures invoquées par JDM à bâton rompu portent toutes des patronymes juifs : Jeffrey Epstein, Robert Maxwell, Gérald Bronner, Georges Soros... Percevant lui-même l'exagération, JDM prend soin de rappeler que sa famille a sauvé des Juifs pendant la guerre, ce qui ne le dédouane en rien de ses obsessions éventuelles.
Georges Soros fait l'objet de tout le bulletin du 23 mai, où il est décrit comme une puissance purement maléfique, au-dessus des Etats, qui aurait 200 députés européens dans sa poche (à nouveau ce parfum). JDM gonfle la fortune et le pouvoir de Soros jusqu'à l'absurde, et revient, comme il l'a fait dans une autre vidéo, sur un ragot ignoble relatif à l'enfance du financier.
Après l'invasion de la Hongrie par les nazis, Soros a été caché par un faux oncle chrétien, chargé par le ministère de l'Agriculture hongrois d'inventorier la propriété d'un aristocrate d'origine juive qui avait fui au Portugal.
Soros avait 14 ans, et il a répondu dans une interview qu'il ne se sentait pas coupable d'avoir assisté à cela, en tant qu'enfant qui n'avait aucun rôle dans la saisie de la propriété, trop jeune pour en comprendre le contexte. Voilà pourtant ce qui démontre pour JDM le "profil sociopathe" de Soros.
J'avoue que je commence à m'interroger moi-même sur le profil de Jean-Dominique Michel. ------------------------------------------------------------------------------------ Il n'est peut-être pas inutile de creuser les faits à l'origine de ce ragot régulièrement répété sur l'enfance du "monstre" Soros, en consultant une biographie. ------------------------------------------------------------------------------------- "Voici ce qui s'est réellement passé. Peu de temps après que George est allé vivre avec Baumbach, l'homme a été chargé de faire l'inventaire de la vaste propriété de Mor Kornfeld, un aristocrate extrêmement riche d'origine juive. La famille Kornfeld avait la richesse, la sagesse et les relations nécessaires pour pouvoir laisser certains de ses biens derrière elle en échange de la permission de se rendre à Lisbonne.
Baumbach est chargé de se rendre au domaine des Kornfeld et d'en inventorier les œuvres d'art, le mobilier et les autres biens. Plutôt que de laisser son "filleul" à Budapest pendant trois jours, il l'emmène avec lui. Pendant que Baumbach répertorie les objets, George se promène dans le domaine et passe du temps avec le personnel de Kornfeld. C'est la première fois qu'il visite un tel manoir et qu'il monte à cheval. Il n'a collaboré avec personne et s'est concentré sur ce qu'il considérait comme sa principale responsabilité : s'assurer que personne ne doute qu'il est Sandor Kiss".
(Michael Kaufman, Soros : The Life and Times of a Messianic Billionaire, page 37).
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Certains m'objectent qu'il ne faut pas dédouaner des Juifs parce qu'ils sont Juifs. Je suis bien d'accord et je n'ai jamais fait une chose pareille, ni pour Maxwell, ni pour Epstein, ni pour Strauss-Kahn. Pour la même raison, je ne vois pas pourquoi je dédouanerais JDM lorsqu'il développe des fantasmes malsains.
En ce qui concerne Soros, je conteste le manque de nuance, car sa caractéristique est d'avoir consacré 60% de sa fortune à des associations dont il soutient les idées. Que ces associations soient représentatives de la gauche américaine libérale et wokiste fait de lui un membre d'un courant global.
On me dit aussi que JDM a souvent dénoncé des non-juifs : raison de plus pour ne pas se focaliser comme il le fait par moments. A noter que lorsqu'il invoque la malfaisance de Bill Gates - avec une focalisation sur l'individu qui manque de profondeur dans l'analyse de sa fonction politique - c'est pour en faire une sorte d'émule de Soros, plutôt que l'inverse. Le grand Diable reste Soros, dont la fortune est cependant dix fois moins importante que celle de Bill Gates..
Ce qui me paraît suspect dans la démarche de JDM, et pour tout dire pathologique c'est la délectation manifeste de JDM à développer cette calomnie sur l'enfance de Soros ,sans esprit critique, alors qu'il n'en manque pas lorsqu'il est moins émotionnel.
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