[Résumé de l'exposé de Glen Greenwald ]
Le Brésil est un pays qui compte beaucoup pour les États-Unis, et ce pour de multiples raisons. C'est le deuxième plus grand pays de l'hémisphère. Il possède d'énormes quantités de pétrole. Il possède les ressources environnementales les plus importantes de l'Amazonie, qui est une région dotée de ressources naturelles extrêmement précieuses pouvant être exploitées pour toutes sortes de profits et de gains économiques.
En 1964, l'administration Johnson a utilisé la CIA pour travailler avec des généraux brésiliens afin de renverser le gouvernement de centre-gauche démocratiquement élu du Brésil et le remplacer par un régime militaire qui a assassiné des dissidents, emprisonné des journalistes et des artistes ; d'autres dissidents ont été exilés. Les généraux ont dirigé le Brésil pendant 21 ans, avec le soutien agressif des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Changement de stratégie de la CIA
En 2022, l'administration Biden a ouvertement soutenu Lula da Silva contre Jair Bolsonaro parce que le gouvernement des États-Unis et l'État sécuritaire, contrairement à ce qui se passait pendant la guerre froide – lorsqu'ils voulaient qu'autant de gouvernements de droite que possible soient au pouvoir – considèrent maintenant les mouvements populistes de droite, y compris celui de Donald Trump, comme le danger suprême.
Ils soutiennent tout mouvement visant à saper et à perturber et à vaincre les gouvernements populistes de droite, et ils placent Bolsonaro dans cette catégorie. La CIA a fait la guerre à l'administration Trump, lorsque Trump était candidat, puis président pendant quatre ans, parce qu'ils le considéraient comme l'ennemi. Bolsonaro était un allié et admirateur de Donald Trump. Donald Trump aimait aussi Bolsonaro. La CIA et l'administration Biden ont donc ouvertement encouragé la victoire de Lula.
L’agence Reuters a rapporté, en pleine élection de 2022, que le directeur de la CIA s'est rendu au Brésil, a rencontré Bolsonaro et lui a ordonné de cesser de se poser des questions ou de smer le doute sur l'intégrité du système de vote brésilien.
La CIA fournit les machines à voter
Bolsonaro avait observé les élections américaines de 2020. Il a cru les affirmations de Trump selon lesquelles l'élection était truquée, les machines à voter avaient été manipulées et Trump était le véritable vainqueur de l'élection. Il affirme depuis longtemps qu'il y a des problèmes avec les machines à voter au Brésil. C'est un système purement électronique; lui et son parti voulaient faire passer une loi exigeant une copie papier pour confirmer les résultats de la machine électronique. Le directeur de la CIA s'est rendu au Brésil et a dit à Bolsonaro de cesser de douter du système de vote brésilien.
[On ne peut que s’étonner de cette intervention extérieure : quelles compétences a la CIA pour garantir l’intégrité du système de vote brésilien ?Parce qu'ils l'ont façonné eux-mêmes? Dans ce cas, comment ne pas avoir de soupçons?]
Le Financial Times vient de publier un article détaillé décrivant le rôle de la CIA, du département d'État, du Pentagone et de la Maison Blanche de M. Biden dans les élections brésiliennes.
Après avoir commenté cet article du Financial Times hier, [Glenn Greenwald] a été bombardé par des libéraux et par des gauchistes en colère, tant aux États-Unis qu'au Brésil, affirmant qu'il n'y avait rien de mal à cela, que la CIA essayait simplement d'aider et de protéger le Brésil des attaques contre sa démocratie car la CIA se soucie du droit de vote du peuple brésilien.
"Le secrétaire à la défense, le directeur de la CIA et le conseiller à la sécurité nationale se sont tous rendus au Brésil au cours d'une année électorale", explique l’article. "Est-ce habituel ? Non, ce n'est pas habituel. Les États-Unis ont également apporté une aide pratique au processus électoral, en aidant à surmonter les difficultés de la chaîne d'approvisionnement pour obtenir les composants, en particulier les semi-conducteurs, nécessaires à la fabrication des nouvelles machines. » (Financial Times, 22 juin 2023)
L'ancien ambassadeur des États-Unis au Brésil, Anthony Harrington, a pu tirer parti de ses relations au sein du fabricant de puces Texas Instruments pour, dit-il, "distinguer les besoins en semi-conducteurs et donner la priorité à l'impact sur les élections démocratiques". [...] (Financial Times, 22 juin 2023)
La CIA a donc acquis l'infrastructure et les machines à voter utilisées pour compter les votes et certifier le vainqueur sans aucun support papier.
Rien ne prouve, à l'heure actuelle, que la CIA a trafiqué les élections brésiliennes, mais lorsqu'elle a organisé le coup d'État de 1964, elle a passé des années à le nier. De nombreuses personnes soupçonnaient la CIA d'être à l'origine de ce coup d'État, mais en 1964, 1965 et 1966, les gens devaient admettre qu'ils n'avaient pas de preuves, parce que la CIA fait ce qu'elle fait en secret et qu'il faut beaucoup de temps pour que ces preuves apparaissent. Il a fallu six ans pour que l'on commence à découvrir que la CIA était responsable du coup d'État au Brésil.
[S’il apparaissait un jour, comme on peut raisonnablement le supposer, que l’intérêt de la CIA pour les machines à voter du Brésil n’est pas désintéressé (ce qui est rarement le cas), il faudra aussi se poser la question plus importante du rôle de la CIA et des machines à voter dans l’élection de Biden en 2020.]
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