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Donald Trump/John Kennedy : deux poids deux mesures

Marc Reisinger

Dernière mise à jour : 23 août 2023

Les Procureurs Jack Smith (Manhattan) et Fanni Willis (Atlanta), deux villes très démocrates, accusent les partisans de Donald Trump d’avoir signé de « faux documents » affirmant qu'il avait remporté plusieurs États qu'il a perdus - et qu'ils sont ses grands électeurs légitimes chargés de valider les votes de chaque Etat .


Cette accusation demande quelques explications, que vous ne trouverez probablement pas dans la plupart des médias, qui se contenteront de répercuter les accusations contre Trump conspirateur et mafieux.


Les « grands électeurs » sont désignés par les partis et sont, selon la Constitution américaine, des sortes de courroies de transmission répercutant le vote des électeurs. Chaque Etat a un nombre de grands électeurs proportionnels à sa population, qui votent automatiquement pour le candidat remportant le plus de voix.


Le précédent de Kennedy


Les grands électeurs de Trump ont invoqué un précédent qui eut lieu 60 ans plus tôt à Hawaï, lors de l'élection de John Kennedy contre Richard Nixon (qui était en même temps son rival et vice-président). En décembre 1960, le résultat d'Hawaï étaient encore incertains. Selon les premiers résultats certifiés par le gouverneur, Nixon l'emportait avec 140 voix d'avance. Un recomptage était en cours à la date où les grands électeurs de tout le pays étaient tenus par la loi de se réunir et de voter.


Les grands électeurs de Nixon à Hawaï déposèrent leurs trois bulletins de vote, mais trois grands électeurs désignés par Kennedy se réunirent de leur côté et signèrent leurs propres certificats déclarant que Kennedy avait remporté l'État.


En 1960, les Démocrates d'Hawaï ont utilisé les mêmes termes que les grands électeurs de Trump de 2020 dans cinq États (Arizona, Nevada, Michigan, Wisconsin, Géorgie, Pennsylvanie, Nouveau-Mexique).


Le recomptage des voix de Hawaï finit par inverser le résultat de l'élection dans cet État. Kennedy l'emportait d'un battement de cils lorsque le recomptage fut achevé le 28 décembre 1960. Un gouverneur nouvellement assermenté certifia la victoire de Kennedy et transmit une nouvelle liste de certificats du collège électoral – signés par les trois démocrates qui avaient « faussement » prétendu avoir gagné deux semaines plus tôt.


Lorsque Nixon, vice-président, comme Mike Pence en 2020, présida la séance de dépouillement du Collège électoral le 6 janvier 1961, il reconnut avoir reçu trois certificats : la liste du parti Républicain, la liste démocrate non certifiée et la liste démocrate certifiée, et il accepta la plus récente.


Deux poids, deux mesures


C’est exactement ce que Trump demandait au vice-Président Pence de faire : tenir compte de la liste des grands électeurs républicains, avant que l'on puisse procéder à un recomptage éventuel des voix.


Un tribunal avait aussi reconnu le 4 janvier 1961, deux jours avant que Nixon ne supervise le décompte des voix des grands électeurs, que les grands électeurs de Kennedy étaient légitimes.


Plutôt que de suggérer que les électeurs démocrates avaient commis une fraude (comme on veut le prétendre aujourd’hui contre Trump), le juge a souligné que leur réunion était une étape clé préservant leur capacité à être pris en compte avant que le recomptage montre que Kennedy avait gagné l'État.


Conclusion : l’équipe de Trump n’a rien commis d’illégal. Elle a fait exactement la même chose que John Kennedy. La différence majeure par rapport à 1960, est qu’on n’a pas effectué de recomptage des voix dans les Etats contestés, et qu’aucune de ses plaintes pour fraude électorale n’a été examinée par un tribunal.


Aujourd’hui les procureurs ont mis au placard la Constitution et l’histoire du pays, créant deux poids deux mesures : les Démocrates peuvent contester une élection, pas Trump. Dans son cas, on foule au pied la liberté d’expression et les processus de contrôle des élections, principes fondamentaux de la Constitution américaine.


Plutôt que de reconnaître la légitimité de la contestation des élections et le précédent de 1960, les procureurs vont tenter de prouver que Trump ne croyait pas à l’invalidité de cette élection. Il aurait donc entamé des démarches dans cinq Etats sans y croire. On se demande à quoi peut aboutir une procédure aussi grotesque. Sans doute à un dégonflage analogue à celui des accusations de collusion de Trump avec la Russie.


Pour beaucoup, Trump ne peut être que de mauvaise foi, puisque c’est le Mauvais, thème obsessionnel de l’establishment de gauche ou de droite. En réalité, son profil est plutôt celui d’un outsider naïf, tombé dans un marécage politique truffé de crocodiles, sorte de M. Smith au Sénat (grand film de Frank Capra, 1939).


Référence : See the 1960 Electoral College certificates that the false Trump electors say justify their gambit https://www.politico.com/news/2022/02/07/1960-electoral-college-certificates-false-trump-electors-00006186






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