L’antisionisme est une position politique qui se veut respectable, « rien à voir avec l’antisémitisme » en principe. Jadis cependant l’opposition au sionisme se caractérisait par un projet alternatif à la création d’un foyer ou d’un Etat juif.
Certains voyaient dans le communisme l’avenir rêvé (l’antisémitisme stalinien les a fait déchanter) ; pour d’autres c’était l’intégration heureuse ( avant Auschwitz). Un antisionisme sans projet alternatif autre que l’élimination physique (« La valise ou le cercueil ») ou politique d’Israël (Etat unitaire) s’apparente bien à l’antisémitisme.
Les antisionistes se caractérisent par un mode de pensée étanche, manichéen, imperméable aux faits et par une propension à absorber les mensonges du Hamas comme du petit lait. Pas très intéressant politiquement, psychologiquement bien.
Un cas
Je connais Josy Dubié depuis 50 ans. Ancien reporter de la RTBF, ancien sénateur Ecolo, ancien officier de marine, il était le capitaine de la « flottille pour Gaza » en 2011. Il a qualifié le 7 octobre 2023 de « dégelée militaire » israélienne. « Dégelée… », sorte de cri du cœur résonant avec l’orgasme des violeurs. Il n’est pas le seul, une autre antisioniste (juive de surcroit) Mariane Blume écrivait le 7 octobre : « Je ne peux m'empêcher de jubiler ».
Pour Dubié, anéantir quelques postes militaires sans déclaration de guerre, assassiner 1.200 civils, hommes, femmes et enfants, abattre comme des lapins des centaines de jeunes qui font la fête, violer et assassiner des dizaines de femmes serait une « action militaire ».
Il a décrit dans la presse son passé d’enfant battu, humilié, par un père colonialiste, raciste et sadique qu’il « hait toujours » à 85 ans. Après quoi il était devenu extrêmement violent.
« En prenant conscience de ma force – raconte-t-il dans une interview - je suis momentanément devenu un homme violent. Je ne supportais plus la moindre contrariété, ou la moindre moquerie. Tout de suite, je cognais, et je cognais pour tuer, mon frère pourrait vous le dire."
Son frère : « Quand on partait en ville faire la java, si la soirée ne se terminait pas par une margaille, elle n’était pas réussie. Moi, j’ai toujours été non-violent…
Josy : « … et moi, à l’époque, je cognais comme un malade.»
Première séance
Face à ses attaques incessantes contre Israël, je lui écris :
« Josy, faut cesser de jouer au boyscout pacifiste au passé violent. Je ressens de la compassion pour ton enfance, mais n'essaie pas de régler ton Oedipe sur le dos d'Israël. Crois-moi, tu te sentirais mieux.
Malgré tes habits de pacifistes de gauche, humaniste et tout et tout, tu es resté le voyou bagarreur de ta jeunesse, provoquant l'autre pour déclencher la margaille... Regarde ton langage rempli de violence, que tu attribues à l'autre pour t'en défaire. Ne me prends pas pour ton père et ne t'imagines pas que j'applaudis une boucherie où que ce soit. Tu sais très bien que c'est faux.
Avis supplémentaire gratuit : le clivage entre "bon" (toi et les Palestiniens) et "mauvais" (moi et Netanyahu) est caractéristique de ce que Mélanie Klein appelle position infantile schizo-paranoïde. Grandis !
Contrairement à ce que tu imagines, un gosse juif massacré me révolte autant qu’un palestinien, un arménien, un yémenite ou un rohinga... et pas seulement un enfant. Notre différence est que je n'invente pas les « exactions abominables d'une armée juive qui massacre, affame, vole, pille ». Tout ce que tu dis exprime le nouveau savoir-être antisémite : être antisioniste et antinazi, antinazi pour mieux dissimuler son antijudaïsme. Tout ton langage sue la haine et la bonne conscience. Cette haine que tu imagines se situe dans ton imagination, en toi, sous ton pseudo-humanisme. Israël ne peut pas être le paillasson de tes problèmes oedipiens. »
Deuxième séance
Je poste le texte suivant sur la page Facebook du Collectif belge contre l’antisémitisme :
« On n'a même pas le temps de ressentir la tristesse devant cette déferlante d'antijudaïsme qui inonde le monde. Le 7 octobre a déclenché une jubilation sadique, une libération de haine antijuive contenue depuis 80 ans. »
Dubié intervient : Ce n’est pas l’abominable pogrom du 7 octobre, unanimement condamné à l’époque, à juste titre, qui a malheureusement enclenché cette déferlante mais la riposte sanglante et totalement disproportionnée de Tsahal, les milliers de gosses innocents massacrés, la famine imposée à 2 millions de personnes qui ne sont pas toutes des miliciens du Hamas, la destruction massive de toutes les infrastructures et maisons de Gaza (y compris des cimetières !!!) qui expliquent ce soulèvement massif antiisraelien. Ne pas prendre l’effet pour la cause. !!!!
Moi : « L'abominable pogrom » que tu n'as pas dénoncé le 8 octobre, que tu as qualifié de « dérouillée » de l'armée israélienne, comme les bonnes dérouillées que tu menais dans ton adolescence brutale, pour te défouler d'un père violent et raciste, que tu hais toujours et que tu confonds avec Israël, accusé de « boucherie », ce qui traduit bien ta haine et ton indifférence à la vérité.
Josy : Combien vous dois-je pour cet intéressant diagnostic à distance docteur ? Un détail vous a pourtant échappé. La plupart des gens se construisent dans l’admiration de leur père. Certains, comme moi, en font un contre modèle qu’ils détesteront jusqu'à leur dernier jour.
Encore un autre détail. Les dérouillées c’est moi, enfant battu, qui les recevaient quotidiennement par cette brute qui détestait les roux et ne m’a jamais appelé que " lu môssi rossê" le sale rouquin, dans le wallon de Verviers ma langue maternelle.
Moi : Tu oublies que je te connais de près et depuis longtemps, que tu as raconté les bagarres qui t'amusaient dans ton adolescence, quand tu as pris du poil de la bête jusqu'à devenir ceinture noire, que je t'ai vu dans un bistrot du centre-ville péter le nez d'un mec (qui l'avait mérité à vrai dire), et qu'un enfant battu ne peut se défaire facilement de l'ambivalence à l'égard du parent violent (mais ça te dépasse un peu, alors tu as trouvé Israël comme punching-ball).
Josy : T’es vraiment tordu! C’est vrai que dans mon adolescence, costaud et sans peur, j’ai cogné sur des mecs qui se moquaient du poil de carotte que j’étais. Mais évidemment pour toi un être humain ne peut pas changer.
J’ai vite compris que la violence ne mène à rien et suis devenu, alors et jusqu'à aujourd'hui, un pacifiste militant au point de refuser de faire mon service militaire obligatoire à l’époque, n imaginant pas d’être, peut-être, amené à tuer un jour un de mes semblables.
Évidemment toi, petit psy minable bourré de certitudes, courageux derrière ton divan., tu projettes sur d’autres tes complexes et refuse de voir l’épouvantable boucherie qui ravage et tue à Gaza dans une débauche de violence inouïe pour venger le pogrom du Hamas, que contrairement à ce tu oses affirmer j’ai toujours condamné.
Moi : Tu aimes jouer à l'enfant de coeur, ou plus exactement ici au grand "humaniste". Je sais que tu n'es pas un mauvais type, mais tu n'as pas réglé ton problème de violence, tu l'as simplement projeté à l'extérieur, notamment sur Israël et je trouve ça lâche et petit. Tu as pété le nez du type dont je parlais parce qu'il reconnaissait avoir fait le salut nazi. Aujourd'hui vous êtes dans le même camp : il parle d'Israël exactement comme toi!
A ma connaissance la seule fois où tu as parlé de pogrom sur FB, c'est (évidemment) contre Israël accusé de pogrom an Cisjordanie (en février 2023). Après le 7 octobre, je n’ai relevé que des critiques d'Israël.
Josy : Tu n’as vraiment rien d’autre à foutre ! Je te soupçonne quelque part d’être, secrètement jaloux et amoureux de moi. Je ne me souvenais pas d’avoir pété la gueule d’un gus qui faisait le salut nazi mais cela ne colle pas fort au statut d'antisémite que tu m’attribues.
Moi : Je ne t’attribue pas le statut d’antisémite classique, mais new wave : antisioniste et antinazi ; et arrête de projeter ça devient scabreux !
Josy : Pas de panique gamin ! Je les aime grands, beaux, musclés et évidemment blonds, bref, de vrais aryens à la Arno Breker. Tu ne risques donc rien.
Moi : Quel insight surprenant, véritable épiphanie. J’avoue que je ne l’avais pas vu venir. Ta jubilation masquée après « l’abominable pogrom du 7 octobre » relève du culte du petit rouquin pour « la superbe brute blonde », comme Nietzsche – plutôt bronzée en l’occurrence.
Ta thérapie avance bien, elle est même terminée, tu n’as plus qu’à ruminer. Ca explique d’ailleurs pourquoi tu n’étais pas antisioniste en 1970 : Israël venait de mettre une raclée à ses voisins arabes. C’est pas bien de faire une thérapie dans le dos de quelqu’un, mais faut avouer que tu es venu me chercher 😉.
C'est bien envoyé ! Il faut reconnaître que le déferlement de clichés faisant d'Israël un tortionnaire est tel qu'il faut une bonne dose de recul et d'esprit critique pour en démonter le caractère mensonger. C'est vrai pour l'homme de la rue, ce l'est moins pour des Dubié qui disposent des outils intellectuels qui leur permettraient de ne pas se laisser berner.