Seymour Hersh, grand journaliste américain, qui a révélé le massacre de Mi Lai au Vietnam, les tortures dans la prison d’Abu Grahib en Irak, et la destruction de Nordstream par la CIA, rapporte les confidences sur Israël d’un conseiller américain :
« Bibi et ses collègues chargés de la politique de guerre, a déclaré le conseiller, "se consacrent à la protection du peuple juif, que ce soit en Israël, en Amérique ou ailleurs". La protection de la judéité est son objectif le plus important. Les Israéliens se battent entre eux sur toutes les autres questions, sauf lorsqu'ils sont menacés. Le Hamas a violé une règle cardinale : "Vous ne pouvez pas tuer le peuple juif".
"Il n'y a pas de limite à cette règle", a-t-il déclaré. (…) "On dit que Sinwar est en train de négocier avec les FDI", a déclaré le conseiller. "Pensez-vous vraiment qu'il y aura un cessez-le-feu ? Ils arrêteront peut-être les tirs, mais la guerre ne s'arrêtera pas pour autant. Les soldats de Tsahal ne sont pas prêts à faire ce qu'ils font s'ils ne visaient pas l'homme. La judéité est l'objectif suprême. Ils sont tous convaincus que leur existence même est en jeu". »
Seymour Hersh, juif américain de gauche, rapporte les propos du conseiller américain de manière strictement neutre : Israël se consacre à « la protection du peuple juif… la protection de la judéité est leur objectif le plus important ». Il ne dit pas si c’est bien ou mal, ce n’est pas son rôle de journaliste, d’accord. Sur l’action israélienne à Gaza, il a pourtant quelque état d’âme :
« L'autre réalité est la perspective de plus en plus claire, aussi horrible soit-elle, que la destruction de Gaza par Israël et la transformation de la Cisjordanie en une banlieue de Tel-Aviv et de Jérusalem dominée par les Israéliens ne connaîtront aucun répit. »
Il désapprouve clairement l’action israélienne à Gaza, mais n’approuve pas la protection du peuple juif, qu’il décrit comme une sorte de particularisme, de nationalisme égocentrique, ou plus exactement de racisme.
L’idée que chaque être humain doit se protéger lui-même et les siens et que c’est un devoir éthique ne lui vient pas à l’esprit – sauf quand il s’agit des Palestiniens. Et il ne lui vient pas non plus à l’idée que les leaders palestiniens ont un objectif opposé, car au lieu de protéger leur peuple, ils s’en servent comme boucliers humains.
Toute la défaillance morale, la schizophrénie, la trahison, et pour tout dire la monstruosité de la gauche « progressiste » juive me semble résumées dans ce texte journalistique de Seymour Hersh.
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